L’hôpital, objet de convoitises des labos

L’hôpital, objet de convoitises des labos

Les laboratoires pharmaceutiques travaillent dans l’ombre afin d’influencer médecins et décideurs publics. Alternatives Economiques publie des données exclusives qui prouvent leur omniprésence dans la politique économique du médicament. Deuxième volet de l’enquête du magazine Alternatives Économiques en quatre épisodes.

Carton rouge. C’est avec cette sanction symbolique – à valeur d’exemple – que l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), premier centre hospitalier de France, met en garde les médecins qui se retrouvent dans des situations de liens d’intérêts* qu’elle juge « excessifs », car trop visibles, avec les laboratoires pharmaceutiques. Martin Hirsch, le directeur général, en dispense en moyenne six par an. Même si l’AP-HP est pionnière en France en la matière, cela reste peu au regard de la fréquence de ces liens. Selon notre enquête, pas moins de 73 % des médecins de l’AP-HP entretiennent des liens d’intérêts avec des laboratoires.

77,5 % des médecins hospitaliers sont en lien avec les labos dans l’ensemble des centres hospitaliers universitaires (CHU)

Ils sont plus nombreux encore à l’échelle de l’Hexagone : en moyenne, 77,5 % des médecins hospitaliers sont en lien avec les labos dans l’ensemble des centres hospitaliers universitaires (CHU) ! Ces données exclusives, extraites par Alternatives Economiques avec l’aide des associations Regards citoyens et Formindep1 , reflètent la forte pénétration des délégués commerciaux des laboratoires au sein des hôpitaux. Elles pointent aussi un système encore très opaque de circulation des financements pour la recherche. Il faut dire que pour les labos, l’hôpital est une cible stratégique sur le marché français.

Un marché moteur

En France, les médicaments sont écoulés soit via les pharmacies, où les patients se rendent après la consultation (ou pas) d’un médecin, soit via les hôpitaux. Le marché hospitalier représentait 7,4 milliards d’euros en 2016, sur un chiffre d’affaires total du médicament en France de 27,6 milliards d’euros, soit un peu plus d’un quart, selon un rapport de Xerfi2. Mais surtout, « les laboratoires sont prêts à tous les « sacrifices » pour que les médicaments soient prescrits en première intention à l’hôpital, car ils savent que le renouvellement est ensuite quasi automatique par les médecins de ville », explique Etienne Caniard, ancien membre de la Haute autorité de santé, dans un récent ouvrage3. De fait, jusqu’à la moitié des prescriptions des généralistes en médecine de ville sont prédéterminées par celles des médecins hospitaliers4.

Ces derniers sont par conséquent au centre des attentions des laboratoires. Parmi les « avantages » les plus courants qui leur sont octroyés, il y a l’invitation à des colloques, dont le coût moyen s’élève à 1 211 euros, selon l’AP-HP. Faute de budget public, la formation médicale des praticiens continue en effet à être financée à hauteur de 98 % par l’industrie pharmaceutique, selon l’Igas5. « Si la qualité scientifique de ces colloques n’est pas forcément remise en cause, c’est surtout l’occasion pour les labos de promouvoir leur nouveau médicament dans une logique marketing, en insistant peu sur les contre-indications et les effets secondaires », affirme Paul Scheffer, du Formindep.

Des « associations de service » opaques

Mais le principal intérêt des laboratoires pharmaceutiques est ailleurs. « La participation des médecins hospitaliers à la recherche clinique et leur influence nous importent davantage que leurs prescriptions », affirme un dirigeant d’une grande entreprise pharmaceutique. Pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament, un laboratoire doit en effet effectuer des essais cliniques, qui sont encadrés par des normes internationales et doivent obligatoirement avoir lieu en CHU. D’où la nécessité pour les industriels de trouver des équipes médicales au sein de ces établissements. (…)

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Lire aussi (volet 1 de l’enquête d’Alternatives Economiques) : https://www.alternatives-economiques.fr//lobbying-labos-pharmaceutiques-ne-lachent-rien/00082521

Macron perd sa santé publique

Macron perd sa santé publique

Lors de son déplacement à la Réunion, Emmanuel Macron a vanté les «thérapies alternatives» d’un cancérologue très controversé.

Mais quelle mouche a donc piqué Emmanuel Macron lors de son meeting à la Réunion, samedi 25 mars ? La scène est passée sur le moment inaperçue. A l’occasion de questions du public, et pendant un passage sur le thème de la santé, Emmanuel Macron, alors très détendu, a expliqué «qu’on n’a pas assez développé la prévention, la médecine par les plantes et les thérapies alternatives». Et voilà qu’il poursuit : «J’étais il y a quelques mois en Guadeloupe, où le Pr Joyeux fait un travail remarquable. C’est une manière intelligente d’utiliser la biodiversité.»

Ah bon… Voulait-il montrer par ces propos qu’il n’avait aucun lien avec la riche industrie pharmaceutique ? En tout cas, citer Henri Joyeux est peu banal. Voilà un cancérologue très contesté qui, récemment, a lancé une pétition très alarmiste sur les vaccins, lui valant en première instance une radiation de l’Ordre des médecins. En tout cas, une pétition dénoncée par beaucoup comme «une ineptie en matière de santé publique». Le Dr Olivier Veran, qui est en charge des questions de santé chez Macron, a tout de suite réagi, dans un tweet : «Le combat pour la politique vaccinale est une priorité absolue de santé pub. Aucune proximité avec M. Joyeux et ses thèses.»

A lire aussi : Tribune : 100% des Français dans la salle d’attente des candidats

Ouf… Pour autant comment ne pas oublier un épisode troublant survenu en 2015. Alors qu’il était encore ministre et que l’on débattait de la loi santé publique à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a apporté son soutien aux députés qui cherchaient à donner un gros coup de canif à la loi Evin sur la publicité sur l’alcool. Déclarant ainsi : «Ce n’est pas quelque chose qui contrevient aux objectifs de santé publique.» Et ajoutant : «Il faut permettre à certaines régions – et aux emplois qui vont avec en France – de défendre leurs intérêts, de faire la promotion de ce qu’on appelle en effet l’œnotourisme.» «Je ne change pas de position. Je trouve ça assez désastreux», avait réagi vertement la ministre Marisol Touraine, s’appuyant sur les chiffres donnés par Agnès Buzyn, directrice de l’Institut national du cancer : «Une augmentation de 1% des investissements dans les publicités pour l’alcool, c’est 0,15% d’alcool consommé en plus.» (..)

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La santé, un enjeu majeur pour le vote des Français

La santé, un enjeu majeur pour le vote des Français

Selon un sondage, les Français jugent qu’il faut inciter les médecins à s’installer dans les déserts médicaux  et responsabiliser tous les acteurs pour réduire le déficit de la Sécurité sociale.

Que les candidats à la présidentielle se le disent: à deux mois du scrutin, la santé est un enjeu important pour les Français, selon la 7e vague du Baromètre santé réalisé par Odoxa pour Le Figaro Santé, France Inter, Orange Healthcare et la MNH. Au point que cela pourrait influencer le vote de 77 % des sondés.

Notre système de santé est un trésor qu’il faut préserver, selon une majorité des 1001 Français interrogés (échantillon représentatif de la population adulte): 78 % d’entre eux jugent que leur système de santé est le meilleur en Europe. Les médecins (428 interrogés) et les directeurs d’hôpitaux (190) ont la dent un peu plus dure: ils sont 69 % et 68 % respectivement à juger que le système de santé français est le meilleur.

Le satisfecit de la population est cependant à relativiser: les résultats obtenus auprès de 3046 personnes interrogées en France, Grande-Bretagne, Espagne, Allemagne et Italie montrent que chaque population a tendance à penser que le système de son pays est le meilleur, à l’exception notable des Italiens, qui accordent une légère préférence au système allemand.

L’hôpital recueille un plébiscite: 86 % des Français ayant fréquenté (pour eux ou un proche) un établissement de santé dans les deux dernières années sont satisfaits ou très satisfaits de la relation tissée avec l’hôpital. Là encore, les médecins sont moins optimistes, estimant en moyenne que 66% des patients ont été satisfaits. Les directeurs d’hôpitaux mettent la barre un peu plus haut, fixant à 76% le taux de patients satisfaits. Seuls 38 % des premiers, mais 67 % des seconds, estiment correctement la part des patients satisfaits.

Les obstacles rencontrés dans le parcours de soins sont principalement la difficulté à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste (difficile pour 58 % des Français et 54% des Européens), suivi de près par le fait de devoir payer des dépenses de santé non couvertes par la Sécurité sociale ou une assurance santé (40%). Obtenir un rendez-vous avec un généraliste (20 % des Français et 28 % des Européens) et se rendre à l’hôpital (17% et 25%) semblent moins compliqués. Sauf pour les Italiens et les Britanniques, qui expriment des difficultés importantes pour les quatre items.

Parmi les causes des difficultés d’accès aux soins: les fameux «déserts médicaux». 86 % des Français jugent que les règles de répartition des médecins sur le territoire ne prennent pas assez en compte les besoins des patients. Un sujet sur lequel tout le monde semble d’accord: 83% des médecins interrogés ont la même opinion et… 96% des directeurs d’hôpitaux! L’écart se creuse en revanche quant à l’opportunité d’une intervention des pouvoirs publics: si 81% des Français et 87% des directeurs d’hôpitaux pensent que les autorités devraient davantage réguler la répartition des médecins, ces derniers disent non à 56%. Sur la façon de procéder, ce sont les directeurs d’hôpitaux qui se distinguent: ils privilégient la limitation de l’installation dans les zones où il y a déjà assez de médecins (56%), tandis que les Français (46%) et les médecins (48%) estiment que la principale mesure à adopter serait d’accorder des avantages aux médecins s’installant dans des zones sous-dotées. Sans surprise, les médecins seraient davantage prêts à s’installer dans une petite ville de province (64%) ou la banlieue pavillonnaire d’une grande ville (52%), plus qu’en zone rurale (39%) ou dans une cité populaire de banlieue (22%). Cependant, près de la moitié des médecins (46%) pourraient se laisser convaincre par des mesures incitatives d’aller en zone rurale ou en banlieue.

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Les trois vaccins obligatoires doivent être disponibles sans association avec d’autres

Les trois vaccins obligatoires doivent être disponibles sans association avec d’autres

Le Conseil d’Etat enjoint au ministère de la santé de prendre des mesures pour rendre disponibles les vaccins obligatoires contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

Les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), les seuls à être obligatoires en France pour les enfants de moins de 18 mois, doivent être disponibles sans association avec d’autres vaccins, a estimé mercredi 8 février le Conseil d’Etat.

La plus haute juridiction administrative « enjoint au ministre chargé de la santé de prendre des mesures pour rendre disponibles » les vaccins DTP sous cette seule forme, alors que les laboratoires l’associent actuellement à d’autres vaccins « fortement recommandés », dans des vaccins polyvalents, vendus plus chers.

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Délai de six mois

Actuellement, « aucun vaccin ne correspondant à ces seules obligations n’est commercialisé en France », relève dans sa décision le Conseil d’Etat. Il avait été saisi par des réquérants qui avaient préalablement fait cette demande au ministère chargé de la santé – lequel avait refusé.

La juridiction a écarté leur argumentation sur « les risques allégués des vaccinations non obligatoires associées aux trois vaccinations obligatoires », estimant que « ces vaccinations complémentaires sont recommandées ». Mais elle a jugé que « la loi, qui n’impose que trois obligations de vaccination, implique nécessairement qu’il soit possible de s’y conformer en usant de vaccins qui ne contiennent que ces trois vaccinations ». Pour cela, « le Conseil d’Etat en déduit que le ministre devait faire usage des pouvoirs dont il dispose pour rendre disponibles de tels vaccins » (…)

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La grippe profite à l’industrie pharmaceutique

La grippe profite à l’industrie pharmaceutique

Les ventes de vaccins anti-grippaux de Sanofi devraient battre des records cet hiver. L’industrie espère par ailleurs que l’épisode grippal sera « un plaidoyer pour la vaccination ».

La vaccination contre la grippe saisonnière a de nouveaux avocats. Ce n’est pas pour déplaire aux trois fabricants du vaccin antigrippe, Sanofi, Mylan et les laboratoires Pierre Fabre. Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, a déclaré, jeudi 12 janvier que, « si la vaccination [du personnel soignant] était décrétée obligatoire », il l’appliquerait « avec plaisir » dans les établissements hospitaliers de la capitale. La veille, le professeur Benoît Vallet, directeur de la santé au ministère des affaires sociales, avait déclaré qu’il « fallait réfléchir » à rendre obligatoire le vaccin antigrippal pour les médecins, infirmiers et aides-soignants.

Une mesure avait été votée il y a dix ans par les parlementaires, mais suspendue quelques mois plus tard. Imposer cette piqûre au personnel soignant permettrait de ralentir la propagation du virus, de réduire l’exposition des personnes à risques, notamment les personnes âgées dans les maisons de retraite, et de limiter la mortalité due à la grippe.

Cette mesure serait, bien entendu, du bain bénit pour l’industrie pharmaceutique. Mais, d’ores et déjà, l’épidémie actuelle fait le bonheur des fabricants de vaccins. La virulence de la grippe 2017 a convaincu le grand public de la pertinence de se faire vacciner au début de l’hiver, pour éviter tout épisode grippal.

Selon le réseau de surveillance Sentinelles-Inserm, plus de 784 000 personnes auraient consulté un médecin pour des symptômes grippaux en l’espace de quatre semaines seulement. Et 52 personnes sont décédées en réanimation à l’hôpital, depuis le début de l’épidémie, selon les autorités sanitaires. Les services d’urgence sont depuis débordés.

Pas de réassorts

« Les grossistes-répartiteurs qui approvisionnent les pharmaciens sont sous tension », affirme aussi François Douere, directeur des opérations du groupement Evolupharm. Il serait désormais fort difficile de se procurer un vaccin antigrippal. A en croire plusieurs pharmacies parisiennes, les trois références efficaces pour s’immuniser contre le virus H3N2 de type A – l’Influvac de Mylan, l’Immugrip des laboratoires Pierre Fabre et le Vaxigrip de Sanofi – seraient en rupture de stock.

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« Faux. Nous en avons encore », assurent les laboratoires Pierre Fabre, numéro trois français avec 6,5 % de part du marché tricolore, loin derrière les 43 % de Sanofi. OCP, premier répartiteur pharmaceutique en France, dit lui aussi être en mesure d’approvisionner ses clients. « La demande est continue depuis octobre », constate cependant Véronique Jung, pharmacienne responsable chez OCP.

Une chose est sûre : il n’est pas possible de réassortir les stocks. C’est trop tard. Car, chaque année, sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui identifie les souches du virus grippal prévisible sur l’hiver suivant, la production de vaccins est réalisée entre « février et août » en fonction des volumes de précommandes réalisés par les grossistes, rappelle Sanofi. En janvier, il serait désormais impossible de produire de nouvelles doses de vaccin.

« Le marché devrait s’établir à 9,3 millions de doses sur la saison 2016-2017, contre 9,1 millions en 2015-2016 » Une porte-parole de Sanofi

Peu importe : la saison 2017 est déjà un bon cru. Le marché français du vaccin antigrippal devrait renouer avec la croissance cette année. Entre janvier et novembre 2016, plus de 8,3 millions de doses ont été vendues, chiffrent les laboratoires Pierre Fabre. « Le marché devrait s’établir à 9,3 millions de doses sur la saison 2016-2017, contre 9,1 millions en 2015-2016 », avance une porte-parole de Sanofi. Le groupe, numéro deux du vaccin antigrippal en France, derrière Mylan, profitera à plein de l’épidémie. D’autant qu’elle a été précoce en Europe. Elle s’est abattue sur la France fin décembre, mais dès mi-novembre sur une bonne partie du continent européen.

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Sur le seul troisième trimestre 2016, Sanofi a réalisé 980 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à son Vaxigrip, soit 34,6 % de plus que sur la même période de 2015. Ce volume d’activité sur un trimestre est « équivalent à celui de l’ensemble de l’année 2013 », observe Sébastien Malafosse, analyste financier spécialisé sur les secteurs pharmacie et biotech, chez Oddo Securities. (…)

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Les dossiers noirs des autorités sanitaires

Les dossiers noirs des autorités sanitaires

Plus jamais une affaire Mediator? Les autorités n’ont visiblement pas tiré les leçons du plus important scandale sanitaire que la France ait connu ces dernières années. Anticoagulant aux effets secondaires dangereux, mais pour lequel l’agence du médicament ne fait rien, baisse de subventions pour les experts chargés de la notification des effets indésirables, un portail Internet de 2 millions d’euros, véritable usine à gaz, enquête sur les dossiers chauds qui mettent en danger la santé des Français

• Inquiétudes autour d’un anticoagulant vedette, le Préviscan

Mis sur le marché français en 1995 pour traiter et prévenir les thrombo-embolies veineuses, le Préviscan (Merck Santé) est très prescrit en France: il représente près de 80 % des ventes de médicaments pour soigner ces pathologies. Problème: outre des risques hémorragiques liés à tous les anticoagulants, cette molécule provoque des atteintes hématologiques, hépatiques et surtout rénales.

Une enquête sanitaire a été menée par l’Agence du médicament (ANSM) et confiée au centre de pharmacovigilance de Lyon. Les résultats sont inquiétants: 28 cas de neutropénie (trouble du système sanguin), 37 cas d’atteinte hépatique, 70 cas d’effets cutanés parfois graves et, enfin, 77 cas d’insuffisances rénales ont été recueillis et analysés. En raison de ces données, les membres du comité technique de pharmacovigilance, en charge de la surveillance des effets secondaires des médicaments, se sont prononcés pour informer les professionnels de santé sur les risques non hémorragiques de la molécule et pour inciter les médecins à prescrire un autre anticoagulant que le Préviscan.

Quant au rapporteur de ce groupe de travail, il voulait même aller plus loin, puisqu’il voulait retirer le médicament du marché. Las, cette décision d’avertir les médecins remonte… au 20 mai 2014. Depuis? Il ne s’est rien passé. Le Préviscan continue à être très largement prescrit et les médecins n’ont pas été informés de ces risques. L’enquête sur les effets secondaires n’aura donc servi à rien: la direction de la surveillance de l’ANSM n’a pris aucune décision depuis deux ans. «Combien faudra-t-il de morts pour que nos autorités de tutelle se bougent enfin?» demande un pharmacovigilant. Selon nos informations, il y aurait déjà eu plus de cinq décès depuis 2014.

• Baisse de 6 % des subventions pour la police des effets secondaires

Immédiatement après le scandale Mediator, les crédits avaient augmenté de 10 % pour les centres régionaux de pharmacovigilance. La France compte 31 de ces entités réparties sur tout le territoire. Elles sont chargées de recueillir les notifications d’effets secondaires des médicaments adressées par les professionnels de santé, les patients ou associations de patients. Au dernier comité technique qui s’est tenu à l’ANSM le 6 décembre, Éric Délas, le directeur financier de l’agence, a annoncé la nouvelle: une baisse de 6 % des subventions pour la pharmacovigilance. Face aux remous suscités, la réponse a été la suivante: soit vous prenez du personnel non permanent pour le suivi des médicaments (des contrats à durée déterminée), soit vous licenciez. Le problème, c’est que l’expertise se paupérise. «On assiste à une fuite des bons et des vieux experts. C’est la mémoire qui part, déplore un pharmacovigilant. L’ANSM embauche des jeunes qui ne connaissent pas les dossiers et qui posent des questions stupides. Il y a actuellement à l’agence une multiplication des postes vacants.» Pour 2017, ce sont 15 équivalents temps plein qui seront supprimés à l’ANSM.

Pourtant, avec les dernières affaires récentes, notamment la Dépakine, le dramatique essai clinique de Rennes ou l’affaire des implants Essure, on ne peut pas dire que l’agence soit en manque de travail ou qu’elle n’ait pas besoin d’une expertise appropriée de haut niveau.

• Un nouveau portail Internet, usine à gaz de 2 millions d’euros

Marisol Touraine, la ministre de la Santé, prendrait-elle d’un côté ce qu’elle distribue généreusement de l’autre? Si les crédits pour l’Agence du médicament et les déclarations des cas d’effets indésirables sont en baisse pour des raisons de restrictions budgétaires, elle a néanmoins trouvé 2 millions d’euros pour financer un «portail de signalement». Il s’agit de mettre en ligne les déclarations, tout compris, d’effets indésirables des médicaments, mais aussi des protestations de patients mécontents d’avoir trop attendu à l’hôpital, des complications liées à une intervention chirurgicale. Il devrait être rendu publique et annoncé en grande pompe en janvier. Le ministère a prévu une campagne de publicité d’envergure dans les journaux et à la télévision ainsi qu’une distribution de flyers. Actuellement, le projet est confidentiel et en test de «première phase». La seconde étape débutera courant janvier. Mais le portail, déjà qualifié par les professionnels d’«usine à gaz», peine à rassembler les volontaires pour le tester, au point que les autorités ont dû faire appel aux associations de patients. Enfin, certains critiquent la fiabilité des déclarations qui y seront faites: «Si une personne mal intentionnée crée une fausse adresse mail pour dire qu’il y a eu un mort avec un médicament, comment fait-on pour remonter au déclarant et vérifier l’information? Tout le monde va pouvoir dire tout et n’importe quoi. On va créer de fausses déclarations et polluer la base nationale de déclarations et nous détourner de notre activité», prévient un hospitalier.

• Les réseaux parallèles de déclarations d’effets secondaires

Tout effet indésirable doit faire l’objet d’une notification officielle aux autorités de santé. Environ 50.000 sont ainsi faites par an en France. Ces déclarations sont importantes, car elles permettent de documenter les effets indésirables d’un produit pour changer son utilisation, informer les médecins, voire demander son retrait du marché. Un décret du 8 novembre 2012 régit ces obligations de notifications pour les professionnels de santé. L’article R5121-161 du Code de la santé publique note ainsi que «le médecin, le chirurgien-dentiste, la sage-femme ou le pharmacien déclare immédiatement tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament ou à un produit dont il a connaissance, au centre régional de pharmacovigilance». Voilà pour la théorie.

Dans la pratique, les médecins sont nettement moins obéissants, certains préférant réserver la primeur de leurs découvertes d’effets indésirables à une publication scientifique internationale. «En France, on peut être leader d’opinion, faire des articles dans des revues prestigieuses et oublier le b.a.-ba, celui de se soumettre à l’obligation légale, déplore un pharmacovigilant parisien. Certains privilégient leurs publications au détriment de la santé publique.»

Pis, les autorités de santé, loin de rappeler à l’ordre les contrevenants, encouragent les réseaux parallèles de déclarations. Ainsi l’agence du médicament a-t-elle donné 400.000 euros à une équipe de l’hôpital de Bicêtre (Val-de-Marne) pour créer un réseau de déclaration des hypertensions artérielles pulmonaires, une maladie rare mais gravissime. (..)


Pour la première fois en France,  une action dite «de groupe» va être lancée contre un laboratoire pharmaceutique. L’action en question, portée par quatorze familles, vise Sanofi, le producteur de la Dépakine, cet anticonvulsant commercialisé depuis 1967. Très largement prescrit aux femmes épileptiques et bipolaires, il est responsable d’effets secondaires sur le fœtus. Il s’agit de malformations parfois très invalidantes  et nécessitant plusieurs interventions chirurgicales mais aussi de troubles du comportement ou encore d’autisme.

 

Lire la suite : Les dossiers noirs des autorités sanitaires Le Figaro Santé

Médicaments « inutiles et dangereux » : « Les lobbys sont d’une puissance dramatique »

Médicaments « inutiles et dangereux » : « Les lobbys sont d’une puissance dramatique »

Réédité ce jeudi, un livre pointe « l’inutilité » et la « dangerosité » d’un grand nombre de médicaments. Une situation connue des médecins, qui tentent d’alerter sur les conséquences pour les patients

Lors de sa sortie en 2012, le livre des professeurs Philippe Even et Bernard Debré avait fait grand bruit. Dans le « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » (Cherche Midi), vendu à plus de 160 000 exemplaires et réédité ce jeudi dans une version mise à jour, les deux médecins assurent, en substance, qu’un tiers des médicaments proposés sont « inefficaces », qu’un quart sont mal tolérés et 5% potentiellement dangereux…

Chez les praticiens, l’ouvrage est bien connu. Le docteur bordelais Bernard Plédran, trésorier adjoint et délégué régional en Aquitaine du syndicat MG, le premier chez les médecins généralistes, a lu l’édition publiée en 2012. Son sentiment à propos de l’ouvrage est mitigé. A ses yeux, le document est à la fois « la meilleure et la pire des choses ».

« C’est écrit par des gens qui ne sont jamais sorti de l’hôpital, qui ne connaissent pas la vraie vie donc c’est un peu désagréable, développe-t-il. Le souci de ce livre, c’est qu’il y a beaucoup d’amalgames entre les médicaments qui sont prescrits et ceux qui ne le sont pas. Après, le livre dit beaucoup de choses qui sont vraies. Il met l’accent sur le fait que les médicaments ne sont pas des produits comme les autres, que ce ne sont pas des produits de consommation courante. Insister là-dessus, c’est une excellente idée ».

Un système paradoxal

Si les auteurs de l’ouvrage reconnaissent l’utilité et l’efficacité de nombreux médicaments, le professeur Even notant par exemple les « progrès réels » réalisés dans le cadre des traitements anti-cancéreux, c’est leur proportion relativement faible par rapport au nombre de produits commercialisés qui interpelle. 200 médicaments supplémentaires ont été analysés dans la nouvelle édition du « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux ».  Seulement « une cinquantaine sont utiles », a assuré mercredi le professeur Even sur RTL.

En cette période d’hiver propice aux rhumes, le médecin rappelle par exemple que les médicaments en vente libre contre les congestions nasales, très courants, contiennent souvent de la pseudoéphédrine. Ils présentent donc des dangers pour la santé.

« L’exemple le plus criant, ce sont tous les médicaments contre le rhume, abonde le docteur Bernard Plédran. Tous les pharmacologues disent depuis des années qu’ils sont dangereux, qu’ils peuvent avoir des conséquences dramatiques, graves, comme des problèmes cardiaques qui peuvent aller jusqu’à la mort. Ça reste rare mais ce n’est pas anodin. Pourtant, ils continuent à être vendus librement. C’est dérangeant… Il faut savoir que ces médicaments sont passés en vente libre quand les médecins ont arrêté de les prescrire parce qu’ils étaient dangereux… C’est le paradoxe du système ». (..)

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L’agence de santé publique met en garde contre l’explosion des infections sexuelles en France

L’agence de santé publique met en garde contre l’explosion des infections sexuelles en France

Selon les chercheurs, ce phénomène est lié à « une augmentation des comportements sexuels à risque » et à un moindre recours au préservatif.

L’infection par le virus du sida (VIH) se maintient à un niveau élevé en France chez les homosexuels, qui sont aussi la population la plus touchée par l’explosion des infections sexuellement transmissibles (IST), selon des chiffres de l’Agence nationale de santé publique rendus publics mardi 28 novembre.

En 2015, sur les quelque 6 000 découvertes de séropositivité, 2 600 concernaient des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, soit 43 % de l’ensemble des nouveaux cas, contre 54 % chez les hétérosexuels, principalement nés en Afrique subsaharienne et dont bon nombre avaient été infectés en France.

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Pour désigner les hommes qui ont des relations sexuelles uniquement avec des hommes ou avec des hommes et des femmes, sans tenir compte de la définition qu’ils font de leur orientation sexuelle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retenu le sigle HSH – pour homme ayant des rapports sexuels avec des hommes.

L’agence sanitaire relève :

« Le nombre de découvertes de séropositivité ne diminue toujours pas chez les HSH, contrairement à ce que l’on observe chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger. »

En outre, la progression des IST a été particulièrement nette chez les HSH : hausse de 100 % des infections par le gonocoque, de 56 % des syphilis précoces et de 47 % des infections bactériennes rectales dites « LGV » (pour lymphogranulomatoses vénériennes, dues à une chlamydia) entre 2013 et 2015. Plus de 80 % des syphilis et près de 70 % des gonococcies diagnostiquées en 2015 dans les structures spécialisées ainsi que la quasi-totalité des LGV touchaient les HSH, précise encore l’agence.

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Progrès sur la précocité des diagnostics

Selon les chercheurs, cette explosion des infections est liée à « une augmentation des comportements sexuels à risque » et à une moindre utilisation du préservatif. Même s’il reste très fortement recommandé, il n’est plus « le seul outil de prévention », relèvent-ils. Le traitement préventif du sida, également appelé prophylaxie préexposition (PrEP) peut ainsi être prescrit à l’hôpital depuis la fin de 2015 aux HSH à risque élevé d’être infectés. Mais ce traitement, contrairement au préservatif, ne protège pas contre des IST comme la syphilis par exemple. (..)

 

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Les médicaments anti-Alzheimer vont pouvoir continuer à ruiner la santé des patients

Les médicaments anti-Alzheimer vont pouvoir continuer à ruiner la santé des patients

Maintenir le remboursement de ces traitements, donc leur prescription par les médecins, c’est exposer les patients à des effets secondaires parfois très graves.

La ministre de la Santé vient d’annoncer, le 26 octobre sur RTL, qu’elle ne suivrait pas la Haute autorité de santé (HAS) dans sa recommandation de dérembourser les médicaments contre la maladie d’Alzheimer. La décision de Marisol Touraine peut passer, à première vue, pour une bonne nouvelle. Ce n’est pas cette fois qu’on réalisera des économies sur notre dos, se disent sans doute certains patients et leurs proches… En fait, ce qui se passe est bien pire. Le choix de la ministre revient à jouer dangereusement avec la santé des personnes touchées par cette maladie neurodégénérative.

La HAS, autorité publique indépendante, a rendu le 21 octobre un verdict sans appel, via sa Commission de la transparence. Les quatre médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer ont un service médical rendu «insuffisant», n’autorisant pas leur remboursement. Dit clairement : ils ne sont pas utiles car ils suscitent trop d’effets secondaires pour un bénéfice non avéré. Jusqu’ici, ces traitements bénéficiaient d’une cotation en service médical rendu (SMR) «faible», synonyme d’un remboursement à 15 % par l’Assurance maladie.

La Commission pointe, pour ces médicaments, leur «efficacité au mieux modeste associée à leur mauvaise tolérance», insistant sur «la nécessité d’une prise en charge globale des patients et des aidants intégrant des approches non médicamenteuses». Elle estime que «l’intérêt de ces médicaments est insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale».

 

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Médicaments trop chers : la campagne choc de Médecins du Monde boycottée 

Médicaments trop chers : la campagne choc de Médecins du Monde boycottée 

Une campagne de sensibilisation financée par Médecins du Monde pour dénoncer le prix des médicaments doit débuter ce lundi. Problème, elle a été refusée par les réseaux d’affichage.

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Pour Médecins du Monde, de plus en plus de médicaments onéreux vont être commercialisés dans le futur mettant en péril notre système de soins qui ne pourra plus prendre en charge certains traitements.L’association cite notamment deux exemples : le Sovaldi pour soigner l’hépatite C – le traitement d’un patient revient à 41.000 € –  et le Glivec, un médicament contre la leucémie, facturé 40.000 euro par patient.

Olivier Maguet, responsable mission « prix du médicament » à Médecins du Monde, dénonce une « vision financière de la santé, d’où la maladie est un marché rentable, déconnecté d’une préoccupation quelconque de santé publique« . « Le risque majeur c’est la faillite, tout simplement, la banqueroute »

 

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